La traversée interminable


Le réveil nous extirpe violemment de notre sommeil trop court. Nous secouons brièvement les neurones endormis dans la douche et replions rapidement les bagages. Avant d’attraper notre bus nous souhaitons retirer un peu d’argent et en convertir une bonne partie en dollars pour arriver en Chine. Une opération des plus basiques pour le voyageurs. Bien entendu, tout ne peut pas se passer comme prévu. Et il faut d’abord se heurter aux impossibilités de retrait, puis aux impossibilité de change. Ensuite ces sont les taux prohibitifs et le visage étonné du personnel qui ne comprend pas trop pourquoi nous nous plaignons des 10% de frais. S’engage alors une petite course contre la montre pour trouver un endroit où changer l’argent. Nous tombons sur un hôtel qui accepte de nous faire la transaction à moindre dégâts et filons droit vers le bus.

Quelle genre d’affrontement nous attend pour l’embarquement des vélos ? Étonnamment rien du tout. Le chauffeur du bus est un peu sceptique sur la place dans le coffre, mais lorsque nous prenons les choses en main il nous laisse faire sans soucis. Mieux même, il ne nous demande rien. Pas un dong. Laetitia se fait la réflexion qu’il ne doit pas être vietnamien.

Une fois installé dans le bus, la tension ne redescend pas pour autant. Nous avions croisé des cyclos qui se sont vu refuser l’entrée en Chine à cause de leur vélo et un autre plus tard qui nous avait confirmé la problématique après sa discussion avec l’ambassade de Chine de Vientiane elle même. Le passage en vélo semble donc difficile, mais qu’en est-il du passage en bus avec les vélos ? Nous passons les heures du bus à envisager les différents scénarios lorsque soudain nous sommes pris de panique. Les passeports ne sont ni dans nos poches, ni dans le sac à dos. Les avons nous perdus ? Nous sommes nous fait voler ? “Es tu sûre qu’on ne les a pas rangé ailleurs par réflexe ?”, “Es tu sûr de les avoir repris après la banque ?” Les souvenirs flous de la matinée un peu folle se chamboulent dans notre tête. Un début de déprime pointe à l’horizon. Que faire si nous ne les retrouvons pas ? Et le visa chinois ? Il n’est pas possible de le faire au Vietnam, faudra-t-il retourner au Laos ? Combien de temps et d’argent ?

Lors d’un arrêt du bus, nous fouillons les sacoches au cas où. Dans la précipitation nous les avions remis au fond d’une autre sacoche que celle de d’habitude. Ouf … De l’art de se faire peur tout seul sans raison. Au final, cette petite histoire nous a fait retomber l’anxiété liée au passage des vélos … du moins jusqu’à l’arrivée à la frontière.

Le passage vietnamien se passe sans encombre. Les passeports sont tamponnés. Ça y est, nous sommes maintenant dans le No Man’s Land. Après le bâtiment décrépi de la frontière vietnamienne, le passage en Chine impressionne. Buissons taillés au carré, route neuve et bâtiment imposant annoncent d’entrée la couleur et nous nous sentons déjà tout petit face à l’empire du milieu. Vient le moment de passer les différents contrôles. Le tout premier est le contrôle des papiers. Nous avons tous les bagages avec nous. Au moins, nous ne cachons rien, c’est ici que ça passe ou que ça casse. Laetitia se présente au guichet. On lui fait signe de poser son vélo sur le côté. Un coup de tampon. Bienvenue en Chine ! Elle est ensuite dirigée vers les rayons X pour le contrôle des sacs. Sébastien se présente à son tour. Contrôle du visa, ok. Contrôle de l’identité … Aie. Sous la photo, une large déchirure de la colle qui n’échappe pas à l’œil attentif du douanier. Il appelle une deuxième personne qui part avec le passeport et Sébastien est mis à l’écart.

Au bout de longues minutes d’attente Laetitia se demande se que peut bien faire son homme. Une trentaine de personne défile au guichet et le passeport ne revient toujours pas. Certains sont aussi mis de côté, mais leur cas est assez vite réglé. Le temps a une fâcheuse tendance à se dilater dans ces moments là. Après pas loin de 35 minutes le passeport revient enfin. Un militaire aux nombreux galons le tend au guichet avec un grand sourire. C’est bon. Il ne reste plus qu’à mettre un coup de tampon. Aie. Nouveau soucis. Le tampon ne s’imprime pas entièrement ! La colle du visa de l’autre côté de la page semble avoir traverser la feuille et l’encre ne tient pas dessus. Décidément il y a des jours hauts en émotions. Le passeport repart à nouveau dans les couloirs et Sébastien est remis de côté. Cette fois c’est plus rapide. Un coup de tampon “cancelled” sur le premier, un deuxième tampon et la voie est enfin libre. Il nous faut passer un dernier check point qui se passe sans problème. Nous sommes en Chine ! Que d’émotions.

Nous arrivons bien évidemment les derniers au bus. Pas de souci, nous étions attendus. Le chauffeur a même réservé de l’espace pour les vélos qui avaient été annoncés. Ça ne commence pas trop mal. Les autoroutes que nous voyons depuis la fenêtre sont impressionnantes et l’arrivée à Nanning encore plus. C’est la capitale régionale du Guangxi et comme toute ville chinoise qui se respecte elle abrite quelques 2.5 petits millions d’habitants. Une broutille. Nous fouillons un peu pour trouver un hôtel et finissons dans une petite rue calme. L’hôtel n’est pas exceptionnel mais le personnel est sympathique et aidant et nous autorise à rentrer les vélos pour la nuit. En règle général les chinois que nous croisons sont plutôt aidant. Nous n’arrivons pas à nous exprimer avec tout le monde mais tout se passe néanmoins avec de grands sourires. Quel apaisement. Demain nous achetons un dictionnaire pour aller au delà des phrase types du Lonely Planet !

C’est parti pour 2 mois et demi au moins !!

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8 responses to “La traversée interminable”

  1. ouvrez bien vos yeux il y a des moments ou on voudrait en avoir en plus tant il y a de choses à voir
    et n ous avons trouvé les chinois aimables et souriants lors de notre circuit en 2007 nous en avons un souvenir extraordinaire
    bonne continuation et faites-nous encore de superbes récits
    bisous
    cousine Renée

    • C’est tout à fait vrai qu’ils sont aimables ces chinois. On a pratiquement tous les jours l’occasion de le vérifier !

  2. Belle continuation à vous
    PROFITEZ c’est magique, dense et parfois un peu rude mais SUPERBE

  3. votre entrée en chine semble partir d’un bon pied c’est tant mieux après votre récit du vietnam!! faites nous vivre encore et encore votre aventure tellement sympa surtout derrière l’écran de l’ordi….. bien installé chez soi – mille bisous – yvonne

  4. GROS COUP DE CHANCE! Vos têtes ont plu à la frontière, ils étaient bien lunés .
    Bisous bon voyage

  5. dommage pour le vietnam, ca avait l’air magnifique.
    est ce que maman est bien arrivée? elle arrive à suivre vos coups de pédales?
    bisous à tous les 3

  6. aujourd hui mercredi 18 avril. Le temps est excecrable Il pleut. Quel temps avez vous ? Brigite devrait vous avoir rejoints. Bon vent à tous les trois, et ne fatiguez pas trop la vétérante. Elle n’a pas l’entrainement que vous avez.Gros bisous à tous les trois

  7. Avec les vacances et la fin de deuxième trimestre, à la vitesse à laquelle vous allez et mettez en ligne nous avons du retard , mais individuellement nous suivons à la maison votre voyage.
    Peut être ralentirez vous l’allure maintenant que vous êtes trois.
    De toute façon nous nous régalons avec vos commentaires et images, un mur de la médiathèque en est plein. A vous la Chine! Nous continuons à vous suivre avec intérêt et passion.
    A bientôt.
    la classe de mr Jaffré