Dans les parcs désertiques du Chili


L’arrivée au Chili

Volcan SajamaLa journée commence par une pointe de stress. Levés à 4h30 pour attraper un taxi à 5h qui doit nous emmener à la station de bus pour 6h, nous sommes sur le pied de guerre mais le fameux taxi arrive avec 30 minutes de retard, soit a peu près la marge que nous avions pour ne pas rater le bus. Nous arrivons au final à la dernière minute et chargeons en vitesse les vélos avant le démarrage. Il fait gris sur Lima, mais très vite le ciel se dégage le long de la route, les paysages s’assèchent et les montagnes alentour se parent de multiples couleurs.
Nous avons pris l’habitude qu’on nous réclame des frais supplémentaires dans les bus, mais cette fois les quelques tentatives du chauffeur seront vaines et après quelques minutes de Scorpion King en espagnol nous arrivons enfin à Lagunas vers 10h30. Il fait beau et la température est bonne. Nous harnachons les vélos pour notre premier faux départ. La bouteille d’huile de cuisine que nous transportons s’est vidée dans le sac à dos et il faut improviser un nettoyage au milieu de nulle part. Pendant ce temps là un cycliste suisse arrive à notre rencontre. Nous discutons parcours, pays et autres thèmes de voyage et il nous donne quelques infos précieuses. Il est finalement 12h quand nous décollons enfin. Le vent s’est levé récemment et a vite gagné en puissance. Bien entendu, il est de face. Bien entendu, la route monte. Nous luttons pour avancer et nous mettons quasiment 5 heures à parcourir le 25 km qui nous séparent du Chili. Laeti sur le ripio
Nous avions lu bon nombre d’histoires d’horreur sur la douane chilienne et les quelques kilomètres de camions boliviens bloqués dans l’attente de leur passage ne nous rassurent guère. Nous arrivons gonflés à bloc pour la bataille. Au final, nous passons en même temps que deux bus et la fouille tant redoutée se passe toute seule. Le contact avec les agents de la douane est même plutôt bon. Nous mettons alors le cap sur une petite route de sable qui doit nous amener à des sources chaudes au bout de 10 km. Une fois de plus le vent s’invite à la fête et nous n’avons toujours pas vu de sources chaudes lorsque la nuit tombe. Nous choisissons un endroit pour la tente en catastrophe. La température est passée dans les négatifs depuis maintenant 30 minutes et nous sommes gelés. A la douane, on nous a annoncé du -20°C la nuit, ça promet. Nous bataillons un peu pour installer la tente sans lumière, puis nous nous installons à l’abri du vent. Déjà les bouteilles d’eau commencent à geler lentement. Heureusement la plâtrée de pâtes que nous préparons rehausse la température jusqu’à 6°C à l’intérieur de la tente lorsque nous nous engouffrons dans les duvets. Vu les prévisions douanières, nous gardons les bonnets sur la tête.

Dans le Parque de las Vicunas

75km, +800m

VigogneNous nous réveillons vers 7h après une grosse nuit où finalement nous n’avons pas souffert du froid. Ce matin la tente est sèche, mais la poussière a pris le relais de la rosée. Dans la précipitation d’hier soir, nous nous sommes posés dans un endroit particulièrement poussiéreux. Le ciel est bien dégagé et la petite brise qui souffle n’est pas bien méchante. A peine démarrés, nous voyons que les fameuses eaux thermales étaient à 200m. En même temps, elles semblent avoir été mises en hivernage et nous n’aurions pas eu le loisir d’en profiter. Nous passons quelques guets qui sont encore gelés dans un paysage sauvage et sec qui nous offre des vues magnifiques. Le vent se lève et semble vouloir souffler vers le Sud-Sud Est. A peu près la direction que nous prenons. La différence avec hier est agréable. Nous sentons régulièrement les petits coups de pouce et avançons bien mieux. Nous rejoignons une route assez passante où circulent des camions pour le transport du Borax extrait au Salar de Surire. La route nous emmène à travers le parc des Vigognes dont le nom n’est absolument pas usurpé. Nous en voyons par dizaines qui s’enfuient dès que nous passons. Les paysages varient beaucoup, que ce soit en couleur ou bien en relief, passants du jaune au rouge, des canyons aux pampas, avec à l’horizon des volcans au cônes enneigés. Nous déjeunons dans le village fantôme de Guillatire puis reprenons le chemin de Chicaya et le Salar de Surire après avoir longé une rivière dont les couleurs nous avertissent de ne pas y prendre l’eau. Par ici certaines rivières contiennent des produits charmants comme l’Arsenic et il faut bien faire attention où nous ravitaillons en eau. Le ballet des camions ne nous empêche pas d’apprécier le paysage, car le vent balaye rapidement les nuages de poussières soulevés par leur passage. Au contraire, leurs klaxons amicaux, leurs sourires et leurs salutations nous encouragent à avancer. Dans une belle descente, Sébastien ne peut éviter une belle ornière et la chambre à air ne peut résister au choc. Le pneu est vite changé et nous reprenons de plus belle. L’heure avance et nous ne souhaitons pas récidiver la pose de bivouac tardive de la veille. RéparationIl faut encore gravir un petit col, mais en cette fin de journée les jambes n’ont plus le même tonus et nous gravissons la route péniblement. Nous y arrivons finalement vers 18h et apercevons au loin les abords du salar avec un groupe de bâtiments qui forment le poste des carabiniers. Nous y passons en espérant y trouver de l’eau et pour leur demander la permission de poser la tente. Bien serrés contre leur poêle à bois ils nous regardent comme deux extraterrestres et nous préviennent des températures nocturnes particulièrement basses. Ils nous suggèrent fortement d’aller dormir au refuge des gardiens du parc et se proposent même de nous y amener. Devant leur insistance nous acceptons même si cela nous amène sur une route différente que celle que nous avions prévue et qui devait nous mener aux thermes du salar. Les couleurs rougeoyantes du ciel, les sommets en feu et le salar en contrebas donne un panorama splendide. La température est déjà bien en dessous de 0°C. AU refuge nous avons l’occasion de cuisiner au gaz à côté de la cheminée et de prendre une douche chaude. Pour nous qui avions déjà envisager la nuit sous la tente, la surprise est agréable. En plus nous dormons dans un vrai lit. Il y a des jours où le hasard fait bien les choses.

Une journée éprouvante

67km, +750m, -1000m

Viscacha Après un petit déjeuner au chaud nous sortons pour tomber nez à nez avec une troupe de viscachas clairement habitués à la présence des hommes. Nous qui avions eu tant de mal à les observer, ici ils prennent la pose et se laissent approcher à moins de 2m. Nous commençons par longer les abords du salar sous un vent glacial. La température à du mal à monter ce matin. A une bifurcation nous prenons à droite et entamons une montée classique des environs, avec des virages à n’en plus finir qui nous empêchent de voir le haut de ce col tout plat à 4700m. Au moins le vent à la bonne idée de nous souffler dans le dos, un coup de pouce agréable sur ces chemins sableux où l’on peine à avancer. Comme hier, les paysages secs et sauvages varient régulièrement. Nous nous retrouvons en haut du col, dans un désert de sable rose où nous décidons de déjeuner. Au menu, sandwich de rillettes de sardines. Au passage de la frontière chilienne, une liste impressionnante de choses sont interdite de passage et nous n’aurons donc pas de produits frais pendant quelques temps. Heureusement qu’ils nous ont laissés le pain pour accompagner les conserves de thon et de sardines ! Au redémarrage nous prenons une descente peu évidente. La quantité de sable à augmentée et il est parfois difficile de conserver notre direction. De plus, la pente forte et le vent dans le dos nous font prendre beaucoup de vitesse et Sébastien s’amuse à transformer son vélo en véritable planche de surf dans les bancs de sable qui jalonnent le parcours. Au bout de 20 minutes de concentration intense, nous arrivons sur une belle vue sur une plaine blanchie par le sel et sur les montagnes qui l’entourent. Au loin nous voyons se dessiner la route qui nous attend. Une belle ligne droite sur le plat. Pour les derniers kilomètres de la descente, Sébastien se laisse aller jusqu’à 51km.h non sans quelques sueurs froides. La route tourne fortement à droite et nous nous retrouvons avec le vent de côté. Cette belle route plane que nous voyions d’en haut se trouve être en fait une infâme calamina qui n’en fini pas. Nous sommes secoués dans tous les sens sur cette tôle ondulée. Plus nous avançons, pire cela devient. Les fesses et le moral sont mis à rude épreuve et il nous faudra 3 bonnes heures pour venir à bout des 15 km de cette route; tantôt sur la selle, tantôt en poussant le vélo.Pédalage dans le désert Au passage nous croisons quelques villages qui semblent abandonnés, mais dont certains abritent tout de même quelques voitures et nous ne pouvons nous empêcher de nous demandé ce qui maintient les gens dans cette nature si hostile. Nous arrivons vers une intersection et la route s’améliore un peu. Tout à coup elle bascule dans un petit canyon où coule un filet d’eau. Le fond du canyon s’en trouve verdoyant et des llamas y paissent. Un spectacle que nous n’avons pas beaucoup vu pendant cette journée. Ensuite le chemin reprend un peu de hauteur pour nous emmener dans un pays de roches et de sable avant de nous faire descendre à nouveaux vers la plaine. Il commence à se faire tard. Nous trouvons un enclos à llamas en pierre pour abriter un peu la tente du vent. Dès que nous le pouvons nous rentrons tous les deux dans le confort de notre abri. Nous faisons la popote et Laetitia tente une nouveauté. Avec la farine et l’huile qui nous restent, elle nous concocte du tibetan bread comme ceux que nous que nous avions tant apprécier au Nepal. Le résultat est très réussi et nous nous couchons le ventre plein.

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4 responses to “Dans les parcs désertiques du Chili”

  1. Je suis heureuse de lire votre témoignage.
    La route devait être magnifique malgré le froid des nuits.
    Vos photos font rêvées.
    Bravo pour cette aventure toujours aussi agréable à suivre.
    je vous embrasse
    chloé

  2. Qu’elle aventure, je viens de tout lire avec passion et émotion. c’est magnifique cette immensité qui s’ouvre à vous.
    A voir vos photos splendides je comprend votre sentiment de solitude mais également cette ivresse de liberté qui ouvre tous les chemins des possibles.
    De vous sentir si heureux on se demande si nous nous croiserons de nouveaux sur les trottoirs de Toulouse.
    Je vous embrasse.
    Je vous souhaite une belle route d’aventure et de rencontre.
    Avancer avec tout ce qui présente est une sensation unique et je suis heureuse de vous connaitre pour vous lire.
    Chloé

  3. Le retour du Marwane! Je vais tout rattraper mon retard!

    Rock n roll. Yeah.

    (dès que j’ai toutlu je lacherais un comme un peu plus pertinent).

    • Hey man,

      Tu verras on a mis des photos exprès pour toi 😉 Des histoires de pneus et de chaîne. Le matos subit les paysages rudes