Trek dans la Cordillera Real


Le départ pour les montagnes

Cholita endormie a Sorata Aujourd’hui nous souhaitons prendre le bus pour Sorata, départ de nombreux treks dans la Cordillera Real aux alentours de La Paz. Cependant il nous reste quelques affaires à régler en ville avant le départ. Avec les parades militaires et les nombreux bouchons, nous arrivons en centre ville vers 13h30. Déjà, l’office de cartographie où nous avons commander des cartes précises n’ouvre qu’à 14h30. Sébastien cherche l’outils de nettoyage du réchaud que nous avons perdu à Puno, sans succès. Il se rabat donc sur une pince classique, un peu lourde, mais qui fait l’affaire pour une somme dérisoire. Quand finalement nous obtenons les cartes, 2 sont indisponibles, celles du démarrage qui plus est. Après avoir écumé les librairies, nous finissons par en trouver une qui couvre nos besoins, même si elle est un peu grande. En effet elle couvre toute la cordillère alors que les autres sont au 1/50 000e. Mais bon, au moins pourra-t-on se repérer sur les premiers sentiers. Après un dernier passage en agence pour louer des bâtons de marche dans l’espoir de soulager un peu nos dos des sacs qui pèsent sous le poids de 7 jours d’autonomie en nourriture, nous filons attrapper l’avant dernier bus pour Sorata. Nous nous félicitons d’avoir réussi à partir malgrè toutes les embûches et galères de l’après midi. Mais la joie est de courte durée quand Laetitia remarque que nous avons oublié les cartes à l’agence du bus! Un coup de fil depuis notre bolide qui fonce sur la route et on nous dit qu’elles seront mises dans le 1er bus du lendemain … croisons les doigts.

1er jour de trek : un démarrage à contre-temps

+1500m/-0m

Laeti au col de Wila Khota Nous nous levons dans une ville de Sorata qui peine à se réveiller. Quand le 1er bus du matin arrive, bien entendu les cartes ne sont pas là. Elles arriveront par le bus suivant qui démarre de La Paz et sera là vers midi. Nous cherchons donc à occuper cette demi-journée du mieux que nous pouvons. Vers 12h30, après l’arrivée des cartes, nous prenons enfin le chemin des montagnes en laissant derrière nous cette ville de Sorata qui nous a laissé une impression mitigée. Les populations alentours sont de langue Aymara. Contrairement aux Queshuas, ils nous semblent beaucoup plus froids. On répond à peine à nos bonjours sauf éventuellement pour nous demander des bonbons où de l’argent.
Le démarrage du trek est assez commun à travers des petits villages de montagne. Par contre, il est d’entrée assez raide. Vers Quillabamba nous partons enfin dans la montagne, la vraie, par un chemin vertigineux bordé de munya qui embaume le parcours. Nous prenons très vite de la hauteur et les sacs chargés pèsent des tonnes. Vers 17h nous atteignons le village de Lakhatilla après 1500m de dénivelé. Juste au dessus du village du village se trouve une zone de replat avec un ruisseau, un endroit idéal pour poser la tente. A peine la tente installée, nous nous retrouvons entourés par les nuages qui montent de la vallée et qui nous isolent du reste du monde.

2e jour de trek : de Lakhatilla aux hauteurs de Cocoyo

+1400m/-800m

Dans la descente vers Ancoma Nous nous réveillons au son de la pluie qui martèle la tente. Du coup il nous faut nous préparer dans cet espace confiné où l’on se marche un peu dessus. Heureusement, après le petit déjeuner, lui aussi préparé et mangé sous la tente, la pluie consent à cesser. Quand nous sortons enfin le nez de notre refuge, nous sommes dans un épais brouillard qui ne nous autorise qu’une centaine de mètres de visibilité. Pas simple de suivre le chemin sur la carte dans ces conditions. Après avoir monté toute la journée d’hier, il faut commencer par l’ascension d’un col à 4900m ce matin. 800m de grimpette pour se chauffer les mollets … où plutôt se les surchauffer d’entrée. La pente est sacrément raide et les pierres rendues glissantes par la bruine et la boue n’arrangent pas les choses. La brume refuse de se lever et le chemin et parfois difficile à débusquer. Nous en venons à nous égarer légèrement alors que nous atteignons le col. Heureusement pour nous, nous tombons sur une cabane où grésille un poste radio. A l’intérieur 3 mineurs attendent l’acalmie pour reprendre le travail. Ils viennent d’ouvrir une nouvelle mine de cuivre à 1h de marche de là aux alentours de 5500m d’altitude. En plus l’un d’entre eux est guide de montagne pendant la saison touristique, un aubaine! Il nous donne la direction du col. Au final nous n’étions pas bien loin du bon chemin. La fin de l’ascension se raidit encore et nous finissons la montée sur la pointe des pieds, à court de soufle. En haut, le panorama est toujours aussi gris, si bien que nous ne nous attardons pas. Il y a maintenant une belle descente qui nous fait perdre toute l’altitude que nous avions chèrement gagnée. La vue se dégage un peu pour le plus grand plaisir de nos pupilles. Les montagnes qui nous entourent sont impressionantes. Seb et les llamas Faute de chemin, nous nous engageons une nouvelle fois hors piste. Cette fois-ci, avec la vue en plus nous avons une meilleure idée de l’endroit où nous sommes et décidons de poursuivre vers une zone de plat parallèle au chemin prévu. Nous bifurquons le long de la rivière pour rejoindre l’itinéraire normal et nous retrouvons à descendre une paroie un peu raide envahie de végétation, quand soudain c’est le grand saut. La rivière finit en une cascade d’au moins 40m. Nous improvisons la descente par une autre voie un peu plus praticable et retrouvons enfin un chemin clair. Enfin un peu de plat pour dégourdir les jambes. Ca ne fait pas de mal. Avanr d’arriver à Ancoma, nous prenons à droite pour la dernière de la journée en direction de Cocoyo. La montée, moins raide que le 1er col, n’en est pas moins sportive. Après 600m de dénivelé, nous arrivons enfin en haut et pouvons apercevoir la zone de replat pour le bivouac du soir. De ce côté du col, la vue est un peu plus dégagée et nous voyons déjà ce qui nous attend le lendemain. Une fois la tente posée, les nuages montent de la vallée et nous plongent à nouveaux dans la brume. Décidément, cette journée aura été humide et embrumée.

3e jour de trek : de Cocoyo à Chajolpaya

1000m/-1400m

Montee apres Cocoyo Ce matin encore nous nous réveillons sous la pluie. Nous nous préparons donc une nouvelle fois dans l’espace restreint de la tente. Déjà la chorégraphie se déroule mieux. Cette fois, la journée démarre par une belle descente de 600m sur Cocoyo. Le chemin descend en pente raide le long d’une rivière. Nous adminrons la végétation variée, fougères, cactus, munya, etc. Nous arrivons avec appréhension aux abords de Cocoyo dont nous avons eu de mauvais échos. Hormis les réclamations des gosses qui veulent des bonbons, rien de particulier à signaler. Nous ne ressentons pas la froideur qu’on nous avais annoncée. Par contre le village est particulièrement sale, jonché de détritus. Nous profitons de la boutique du village pour acheter le sucre que nous avions oublié, élément incoutournable pour accompagner l’avoine que nous avons prévu pour les petits déjeuners qui viennent. A la sortie du village, nous prenons une piste jusqu’au village suivant. La montée de 800m est longue et fastidieuse. Le manque de visibilité ne permet pas de penser à autre chose en observant les sommets. De l’autre coté du col, c’est la même purée de pois. La journée est très humide, les pierres sont glissantes et nous devons constamment enjamber des ruisseaux qui se sont formés et envahissent parfois le chemin lui même. Nous arrivons dans le village de Chajolpaya où 2 hommes nous confirment la direction. Laetitia est intriguée par leur sac qui gigotte. Il contient un canard qui a bien raison de ne pas être rassuré. Nous marchons encore une petite heure pour nous éloigner des habitations et surtout du vieux râleur qui nous acceuil par une volée d’insultes en Aymara que nous ne comprenons biensûr pas. Nous nous posons au bord d’une rivière couleur de lait qui aura raison de notre pompe à eau. Malgrè quelques nettoyages successifs, nous n’arrivons pas à la débloquer. La pluie rédémarre et nous nous couchons un peu frustrés par cette journée de galère qui finit par une soupe renversée dans la tente.

Laeti dans la montee enneigee

4e jour de trek : de la pluie, de la pluie, de la pluie …

+800m/-1200m

Dans les marecages ... Cette fois, pour changer, nous démarrons sous un soleil radieux. Nous avons enfin l’occasion de voir la vallée où nous nous sommes posés. Les sommets sont impressionants avec leurs glaciers. Malheureusement le plaisir est vite écourté et nous finissons l’ascension du col sous la pluie. Vers midi, une courte éclaircie nous permet de manger au soleil et de nous réchauffer un peu les os. Puis nous sommes repartis pour 4h de pluie non stop. La descente n’en parait que plus interminable. Les mains et les pieds trempés, frigorifiés nous poussons jusqu’au village d’Amaguaya où la pluie s’arrête enfin. Nous remontons un peu la vallée suivante en quête d’un lieu de bivouac. Le ciel se dégage un peu plus et nous pouvons au moins poser la tente au sec et manger dehors à la lueur de la lune. Nous croisons les doigts pour demain…

5e jour de trek : Trop c’est trop

+600m/-500m

Laguna La matinée démarre par un soleil chaleureux. 2 jour de suite … quelle veine ! Alors que le petit déjeuner est servi, il nous faut défendre notre terrain face à un troupeau de vaches que notre présence semble contrarier. Laeti manque même de se faire charger alors qu’elle a le dos tourné. Ca commence fort. Nous parvenons tout de même à imposer notre volonté à ces bovins mal léchés. Nous reprenons la route qui monte vers les Lagunas Qutas et XXX. Invariablement, les nuages montent de la vallées et nous finissons à nouveaux dans la brume et sous la pluie. Nous sommes sur une piste et nous espérons vivement pouvoir attrapper une voiture qui nous emmènerait un peu plus loin, le temps que la pluie s’arrête. Laetitia espère récupérer du beau temps en passant de l’autre côté des montagnes. Mais le temps passe et toujours aucun signe ni d’acalmie, ni de voiture … Le moral commence à vasciller. Arrivés à un col vers 4800m, la pluie ayant bien baissée, nous déjeunons dans la neige. Comme il faut bien avancé, nous nous remettons en route, quand soudain nous entendons un bruit de moteur qui vient dans notre direction. Le chauffeur s’arrête mais la voiture est déjà pleine. Il nous dit par contre qu’un autre véhicule les suit et qu’ils ont de la place. Nous arrêtons à nouveau le second 4×4. Ils vont à La Paz. Après toute cette pluie et ces montagnes que nous n’avons quasiment pas vues, nous leur demandons de nous y ammener aussi. Quelques hésitations du chauffeur qui finit par accepter pour une soixantaine de bolivianos. Nous montons à l’arrière où nous rejoignons un mouton ligoté. La pauvre bête semble se douter de son issue. La piste qui rejoint la route et très chaotique et le 4×4 veillot nous renvoi chaque bosse de cette route aérienne où la moindre erreur serait fatale. Nous arrivons tant bien que mal à El alto où nous prenons une série de bus pour rejoindre le centre ville. Pour finir en apothéose, nous nous apercevons que nous avons oublié les bâtons de location dans le 4×4. Décidément, ce trek nous laissera un arrière goût amer.

Seb dans le 4x4 du retour

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20 responses to “Trek dans la Cordillera Real”

  1. En effet un peu rude l’ aventure. Et quand je pense que vous êtes partis pour 15 jours de désert après ça. Enfin, là au moins il devrait faire sec. Trop sec?
    Les photos sont sacrément belles quand même: ou bien l ‘appareil sait mettre de la lumière même quand il n ‘y en a pas , ou le photographe a su dégainer aux bons moments. Vous devriez aussi filmer les aléas, la soupe renversée, par exemple: quand la fatigue et les frustrations sont passées ce sont les souvenirs dont on rit le plus
    Au Pérou j ‘ai bien aimé la collection de chapeaux: vous n ‘avez pas essayé de vous en acheter? Et est ce vrai que les femmes fument la pipe?

    • Trop sec sans doute, mais heureusement on a plein d’infos sur les points d’eau et les ravitaillements possibles. Plein de cyclistes se sont deja lances dans l’aventure, ça devrait aller.Pour les fumeuses de pipe, nous n’avons rien vu de special. Ça ne nous etonnerai pas plus que ça 🙂

  2. Bonjour à vous 2 merci encore pour ces superbes photos mais Laetitia attention aux vaches on ne sais jamais nous espérons que votre voyage en Bolivie se passera bien nous vous souhaitons bon courage
    bisous à vous deux et à bientôt

  3. Et bien, heureusement que vous êtes deux et amoureux sinon nous avons bien envi de venir vous chercher et vous faire couler un bain bien chaud et un bon repas.
    Vos récits sont très expressifs presque je me sentais moi aussi démoralisée.
    Je vous souhaite de bien belles journées et de belle rencontres.
    Vos photos sont superbes
    Merci de prendre le temps de tout nous faire partager.
    C’est sensationnel de vous suivre.
    Je vous embrasse
    Chloé

  4. Alors c’est la fête après deux mois de ballade.
    Avez vous acquis un rythme que vous plait et un mode de vie intéressant et plaisant
    Je vous embrasse
    A tout bientôt par mail
    Chloé

  5. bonjour à vous deux, magnifique photos que vous nous montrez là….
    Vous devez en prendre plein les yeux !!!!!
    bon courage
    jf

    • Plein les yeux, c’est le mot. Et le mieux c’est que ça change presque tous les jours ! Pour l’instant on se régale 🙂

  6. Sebastien m’a laissé les coordonnées de votre site, je suis votre périple avec admiration les photos et vidéos sont formidables!!! je vous embrasse très fort

  7. L éternité c’est long…surtout vers la fin. Nous attendons avec impatience votre sortie du désert.
    Maman

  8. Mon dieu quel périple!! en lisant certaines de vos journées je me dis que vous vivez quelque chose de formlidable mais quand même… que de souffrances physiques!! Merci de nous faire vivre cette aventure –
    gros gros bisous

    • Les souffrances sont vite oubliées et ont tendance à se transformer en bons souvenirs 🙂 En plus nous traversons des paysages qui valent largement les efforts nécessaires pour y arriver.

  9. Depuis le 11 octobre plus de nouvelles…. avez-vous des ennuis? j’espère qu’il ne vous ai rien arrivé de désagréable . Je vous embrasse tous deux très fort dans l’attente de suivre votre aventure qui me scotche à votre site

    • Salut Yvonne,

      Depuis 2 semaines nous étions dans le désert, sans trop de possibilités de nous connecter. Et on en est ressorti vivants ! 🙂 On peaufine l´histoire et on met tout ça en ligne

  10. Ouf!! me voilà rassurée, merci seb de ta réponse, suis très impatiente de connaître la suite de votre super aventure – bisous

  11. Moi aussi me voilà rassurée.
    Je me connectais tous les jours et je n’osais pas demander de vos nouvelles.
    Belle aventure à vous deux.
    Profitez bien de vos rencontres
    Je vous embrasse
    Chloé

  12. Je suis heureux quotidiennement de suivre vos aventures à travers ces beaux récits, même si je ne vous laisse peu de commentaire ; néanmoins, je plains le canard et le mouton ; j’apprécie beaucoup les photos et les textes qui nous font rire, qui nous réconfortent ou qui nous démoralisent car on ressent bien ce que vous ressentez ; je ne vous connaissais pas ce talent d’écrivain aventurier. J’ai même ouvert la carte du monde pour suivre vos déplacements. Vous êtes si loin !! Et tout seuls !! Mais ma pensée et celle de tous vos amis et parents vous accompagnent et vous rassurent en vous donnant du courage.
    Ne vous fatiguez-pas trop ; autrement, il faudra prendre une année de repos à votre retour !!!
    Pas d’inquiétude ! Le café au lait ou la soupe qui se renverse, c’est classique !! Bonne occasion de se disputer …mais attention, il n’y a pas d’arbitre pour vous séparer !
    Bon courage pour la suite du voyage. Je pense que vos parents vous donnent régulièrement des nouvelles de France. Soyer non ! Soyez prudents ! Ouvrez grands les yeux sur les merveilles du monde que nous n’aurons pas la chance de connaître. J’espère que le camescope fait son travail !
    Gros bisous à toi, Laéti et à toi, Seb. Avec toute mon affection.
    Je donne des nouvelles de temps en temps à Valérie et à Pascal en leur envoyant des fois vos récits –
    Bernard GIUILY

  13. On pense très fort à vous les loulous…
    T’es super canon avec ta barbe Seb!!
    Laeti, t’es bien la femme la plus courageuse et déterminée que je connaisse…
    On a hâte de vous retrouver…
    Profitez à fond!
    Des bisous

  14. Ouf!!
    on commençait à s’inquiéter!!
    content de savoir que vous allez bien.
    Bonne route et à bientôt
    Pierre, Morgane, Emma et Jules (toujours par ordre de taille!)

  15. Salut les amoureux du bout du monde.
    Votre dernier périple semble vous avoir fait beaucoup souffrir.
    Le moral est toujours bon?
    Vu d’ici, on se sent déjà tout petit en voyant ces paysages immenses.
    Je ne peux imaginer les sensations fortes que cela vous procure.
    La population que vous rencontrez semble difficile à aborder, le contact avec les autres ne vous manque-t-il pas?
    En tout cas, je vous trouve toujours aussi fous mais j’attends avec impatience la suite de votre histoire.
    On pense à vous.
    Bises
    Morgane

    • coucou
      Le moral est a bloc, on vient de se reposer 4 , 5 jours et c’est reparti.
      On croise plein de cyclistes ou touristes avec qui on a l’occasion de discuter et la nous sommes en Patagonie, les habitants sont des crèmes, on se sent comme chez nous . Et puis nous passons de temps en temps quelques jours chez des locaux via des réseaux sociaux, cela nous permet de connaître le pays un peu plus en profondeur.
      Mais les amis nous manquent quand même.
      bises a la famille