L’Ausangate


Direction Tinke

Site de TiponAvant de quitter Cusco, nous passons par le bureau de l’immigration en espérant pouvoir rallonger nos visas. A l’arrivée à Lima, on nous avais marqué 30 jours et cela fait déjà 32 jours que nous sommes dans le pays. Nous pensons que ce sera une simple formalité puisque nous avions lu que nous pouvions avoir jusqu’à 90 jours. Malheureusement au Pérou les choses ne sont pas si simples et nous devrons payer 1$ par jour de dépassement quand nous repasserons la frontière. Tout ça pour un 30 marqué à la va vite à l’aéroport alors qu’on aurait pu tout à fait avoir plus. Ça sent un peu l’arnaque. Nous sortons de Cusco par la route principale pour Puno. L’agglomération s’étire longuement dans la vallée et nous rappelle des airs de Lima : pollution, poussière et trafic intense. Heureusement la route est en pente douce et nous arrivons assez vite à la bifurcation pour le site de Tipon. Nous nous engageons sur une route sinueuse et les habitants que nous croisons nous souhaitent bien du courage pour la montée. En effet, ça monte raide sur 4km et nous prenons vite de la hauteur par rapport à la vallée. A chaque coup de pédale nous espérons que le site en vaille la peine. Nos efforts sont récompensés. Le site est superbe. Des canaux et des fontaines superbement conservées crées une atmosphère relaxante. Au dessus des terrasses on trouve quelques jolis édifices en ruine. En reprenant la route, nous sommes rattrapés par un orage de grêle qui transforme la piste en une rivière de boue. Les vélos et les sacoches sont couverts. Heureusement, un peu plus loin sur la route, nous avons l’occasion de nous séparer de ces kilos supplémentaires au jet d’eau d’une station essence. Nous reprenons la route pour Urcos, nous ferrons une halte sur la jolie place de Andahualillas, achetons des bonnets péruviens en laine pour notre prochaine trek et prenons contact avec Jeronimo Succle, un arriero qui a une petite auberge au depart du trek et qui accepte de garder nos vélos. De Urcos a Tinqui, la route est encore longue, nous prenons un taxi et arrivons de nuit à Tinqui. Ici, les téléphones ne fonctionnent pas, pour contacter le Senior Succle nous passons un message sur la radio locale en quechua. En attendant nous discutons avec les villageois fort sympathiques, dont l’espagnol n’est que la seconde langue. Celui-ci arrive au bout de 20 min, pour rejoindre sa maison, nous passons par un chemin sans lumière à travers la montagne. Après 2 km dans la nuit noire, nous arrivons dans une charmante petite auberge rustique. Nous profitons des connaissances de notre hôte pour obtenir quelques informations sur le trek. Malgré son incrédulité, nous lui expliquons que nous ne souhaitons pas partir avec des porteurs.

Premier jour de trek

Filage de la laineAu réveil, la pluie qui sévit dehors nous encourage à traîner un peu plus longtemps au lit. Quand elle cesse enfin, nous nous hâtons de démarrer. Le ciel est chargé mais il fait bon. Le chemin démarrer sur une piste chaotique à travers de tout petits village. Nous avons un bon feeling avec la plupart des villageois que nous croisons. Certains nous posent quelques questions. Ils sont surpris par les 2 mots de Queshua que nous connaissons et les accueillent par un grand sourire. Une personne croisée sur le chemin nous explique la technique de filage de laine de llama qu’il pratique tout en marchant. Nous prenons doucement de l’altitude et arrivons dans des zones de pâturages de llamas et d’alpacas où ne pousse que l’uchi, cette herbe grasse et piquante qui ressemble fort à notre gispé pyrénéen. Sous la neigeLe ciel nous accorde une belle vue dégagée sur les sommets enneigés au loin juste avant de nous envoyer la neige. Nous arrivons finalement dans le petit village d’Upis sous la neige. Nous apprécions de mettre nos mains engourdies par le froid dans les sources d’eau chaudes fumantes qui sortent de terre. L’odeur de souffre est prenante. Nous nous engageons sur une dernière montée avant de poser notre bivouac. En chemin nous croisons une foule de viscachas un peu moins farouches que la dernière fois. Nous prenons plaisir à les regarder sauter de rocher en rocher avec tant d’habileté. Le ciel se redégage enfin et nous découvrons les glaciers impressionnants du massif de l’Ausangate.

L'Ausangate

Deuxième jour de trek

Laeti au col d'ArapaAprès une nuit fraîche, nous retrouvons à notre réveil notre tente pleine de givre. Tout est blanc aux alentours. Nous finissons la montée entamée la veille vers le col de Arapa à 4750m. Durant cette montée, nous nous faisons rattraper par un groupe d’israéliens à cheval. Arrivés au col, l’Ausangate se découvre timidement. Le plafond est bas, nous espérons une météo moins humide que la veille. Une fois le col passé, nous nous retrouvons dans un paysage minéral ou plus un brin d’herbe ne pousse. Nous traversons ensuite une succession de lagunes bordée de pâturages à alpacas dans lesquelles se reflètent les impressionnants glaciers de L’Ausangate. Nous pouvons les entendre craquer au loin. A chaque troupeau que nous croisons, nous apercevons facilement la bergère vêtue dans sa tenue traditionnelle aux couleurs éclatantes. Montée à 5100mUne jupe en laine bouffante, un gilet en laine dans les tons fuchsia, un chapeau plat recouvert de dentelle et tenu par un collier de perles. Dans la montée du 2 col, nous nous faisons rattraper par un 2e groupe de cavaliers israéliens avec qui le dialogue se noue. Nous prenons le temps de discuter avec eux pendant la descente jusqu’au pied du 3e col, le plus haut du trek, le Paso Palomani. Après une brève pause déjeuner, nous démarrons l’ascension de 500m qui nous amène au point culminant de la randonnée. L’altitude se fait sentir et les sacs nous pèsent. Pour couronner le tout, la météo clémente jusqu’à maintenant se dégrade peu à peu. Nous finissons la montée sous la neige et manquons de visibilité pour apprécier le panorama. Grâce aux traces des cavaliers qui nous précèdent, le chemin est facile à trouver. Un chien que nous pensions appartenir aux arrieros des israéliens nous accompagne depuis le col. Nous nous amusons à le voir courser les chinchillas et à taquiner les llamas qui ne se laissent pas démonter. Le chienNous arrivons dans une vallée large et marécageuse. Nous décidons de prendre un peu de hauteur pour poser la tente. Il est 16h, nous avons amplement le temps de préparer la cuisine. La pluie s’arrête enfin pour nous permettre de poser le réchaud hors de la tente et de ne plus souffrir des vapeurs d’essence. Le chien est là, posé à côté de la tente et semble décidé à passer la nuit avec nous. Contrairement à beaucoup de chiens ici il est propre et à une bonne tête. Lætitia se laisse attendrir et lui offre une de ses saucisses et des biscuits au chocolat. La nuit tombe et la température avec. Nous nous glissons dans les duvets encore un peu humides.

Vue enneigée

3e jour

Cerro de Tres PicosNous sortons le nez de la tente sous un soleil radieux. Dans la plaine, les alpacas que les bergères ont eu bien du mal à rentrer hier soir sont déjà de retour et paissent tranquillement dans la lumière rasante de l’aube. Le chemin commence par longer la vallée le long de la rivière au milieu des troupeaux. Nous avons envie de traîner et de nous amuser avec les alpacas. En face de nous le Cerro de Tres Picos, imposante montagne recouverte de glaciers qui se dresse comme un rempart; Nous arrivons sur le village de Jampa avec ses maisons en pierre et ses toits de chaume. Certains jardin sont remplis de crottes d’alpacas qui semblent avoir été mises là pour sécher. Nous nous demandons à quoi pourront servir de telles quantités. De l’engrais sans doute. Notre topo nous indiquait une petite montée de 250m, une broutille. En réalité nous nous engageons sur une montée assez raide qui nous amène une nouvelle fois au delà de 5000m, soit un peu plus de 500m plus haut au Paso Campa. Il y a beaucoup moins de neige qu’au col précédent, mais l’air est plus froid. La vallée est étroite et nous sommes bien placés pour observer les crevasses qui lézardent les glaciers d’en face. Nous redescendons ensuite par un étroit chemin qui ne nous laisse pas assez de place pour passer les mules qui peinent sous le poids qu’elles trimbalent et arrivons sur une nouvelles zone de lagunes. Il est agréable de marcher à nouveau sur des sentiers herbeux et de retrouver un milieu un peu plus propice à la vie. La densité de population augmente au fur et à mesure que nous perdons de l’altitude. Nous serions bien en peine de poser notre tente dans les parages. Lætitia se laisse aller à une séance “shopping” auprès d’une montagnarde qui propose divers articles en laine d’alpaca qu’elle à très certainement fait elle même. séance shoppingIl n’y a pas trop de made in china dans les montagnes péruviennes. Vers 14h nous arrivons au village de Pachanta d’où part la piste qui rejoint Tinke. Sébastien profite des sources d’eau chaude et apprécie de se délasser dans une eau à 30°C avec vue sur les montagnes enneigées. Il nous reste 2h30 de marche pour rejoindre la maison du senor Jeronimo et le village de Pachanta ne nous inspire guère. Nous nous remettons donc en marche. En chemin, nous sommes passés par l’un des groupes d’israéliens qui finit la randonnée à l’arrière d’un camion. Entre cheval et camion, ils n’auront pas marché beaucoup pendant leur trek. Après le contact chaleureux que nous avons eu avec les montagnards, nous sommes assez frustrés de l’accueil froid qu’on nous réserve ici dans les villages que nous croisons. Peu de gens répondent à nos salutations en queshua et les premières boutiques où nous voulons nous réapprovisionner en pain nous font des tarifs de gringos 2 à 3 fois le prix habituel que nous commençons à connaître. Nous arrivons enfin à destination, rompus après 10h de marche. Nous reprenons nos quartiers et profitons des 2 jours de nourriture supplémentaires que nous avions pris au cas où.

Seb dans les eaux chaudes

En route pour Raqchi

Descente vers TinkeAprès une bonne nuit réparatrice nous retrouvons nos chers vélos et leur chargement. Nous voyons enfin la route que nous avions prise de nuit à l’aller et rejoignons le village de Tinqui. Nous sommes Dimanche, jour de marché et la place du village est bien plus vivante que la dernière fois. Après quelques emplettes, nous mettons le cap vers Ocongate, mais nous sommes arrêtés assez vite par une crevaison. Sébastien se charge de la réparation sous un soleil de plomb. 30°C qui nous changent des journées plutôt fraîches dans les montagnes. Il est rapidement assisté par 3 bouts de choux curieux qui sont venus voir ce que pouvaient bien faire ici les 2 cyclistes étrangers. Pour ce coup de main, Lætitia leur donne des biscuits au chocolat qui sont vite dévorés sous les yeux de Sébastien qui voit partir son goûter. Aujourd’hui est une grosse journée. Aidé par un vent de dos, nous remontons le long de la rivière Vilcanota sur une centaine de kilomètres par un beau soleil qui nous réchauffe les côtes. Première crevaisonIci aussi beaucoup de villages sont animés en ce jour de marché. En ce 25 Septembre, Lætitia cherche un moyen de téléphoner à son frère Arnaud qui fête ses 18 ans. Au Pérou, en plus des téléphones publiques classiques, il y a la possibilité de passer par des personnes munies de téléphones portables de chacun des opérateurs. C’est parfois plus économique que les cabines téléphoniques qui ne prennent pas toutes les pièces et rendent rarement celles qu’elles ont avalées. Vers 17h30, nous arrivons au village de Raqchi où nous avons entendu parlé de possibilité de loger chez l’habitant. Un groupe de 3 familles proposent du logement en “turismo vivencial”, c’est à dire directement chez eux. Le package complet comprend des démonstration de céramique et des danses, mais pour nous qui arrivons à la dernière minute à l’improviste, ce sera plus simplement une chambre et le partage du repas du soir, ce qui nous convient parfaitement. Nous assistons à la préparation du repas : soupe de maïs, de carottes et de pommes de terre, plat d’une variété de papas que nous ne connaissions pas et dessert à la pomme. Nous sommes accompagnés par un couple d’espagnols qui ont apportés une bouteille de vin péruvien, qui à la surprise générale est sucré.

El desayuno peruano

Le petit dejAprès le repas d’hier, nous sommes curieux de voir ce que nous réserve le petit déjeuner. Notre hôte s’affaire aux fourneaux depuis un bon moment, c’est bon signe.Nous sommes appelés à nous asseoir, et la table mise ne livre pas encore ses secrets. Seuls une salade de fruits et quelques pains nous attendent. Soudain arrivent les papas fraîchement sorties du feu de bois et accompagnés de pancakes au quinoa et à l’œuf. En gourmand invétéré, Seb demande un peu de rabe et fini bon dernier à table. Nous sommes vraiment gâtés, c’est notre premier vrai petit déjeuner péruvien. Au moment du départ, nos hôtes nous offrent une cruz del Sur en pendentif. Nous ne regrettons pas du tout de nous être arrêté ici et mettons le cap pour Puno au bord du lac Titicaca.

Notre hôte auprès du feu

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17 responses to “L’Ausangate”

  1. C’est excellent tout ça!
    Je trouve que ça manquait un peu de photos de fleurs, cactus…
    Seb est-ce que tu te modères ? 😉
    Laeti pas de baignades dans les sources d’eau chaude, tu as oublié ton maillot ? 😉
    Au fait, j’ai bien reçu votre colis et les clés vont pouvoir retrouver leur titine.

    Profitez!

    Bises

    • coucou
      Pas du tout, mais c´est vrai quand on roule en vélo, on s´arrete moins pour prendre les fleurs en photo, c´est pour cela qu´on fait des treks.

  2. Coucou!

    Je vois que pour vous 2 tout va bien 🙂 ça fait plaisir de vous lire!
    Jai vu que vous aviez eu une crevaison, c’est facil de trouver du matos pour les réparations des vélos? D’ailleurs, nécessitent-ils beaucoup d’entretien?

    Là je vous écrit depuis Manchester 🙂 Appart le froid et la pluit tout se passe super bien et je suis contente de mes cours!

    Bon courage,
    Bisous

    • coucou
      on est bien equipé pour les velos, c´est notre sacoche la plus lourde, on avait assez peur de se retrouver en rade au milieu de nulle part.
      Amuses toi bien en Angleterre.
      Bises

  3. ola,

    1$/jour de dépassement, je trouve que vous vous en sortez bien… en Indonésie, c’est 20$…

    par contre, on a récupéré des visas de 60 jours 🙂

    Bonne continuation !

  4. Je viens de lire les 3 derniers récits, vraimen bien faits. Une chance de suivre votre iténaire sur Google Maps ? Pas le cheminement exact mais les grandes étapes pour voir le chemin parcouru.

    Je lisais récemment un livre sur l’histoire du continent américain avant l’arrivée de Christophe Colomb et le Pérou est une région propice à l’établissement des premiers hommes car on y trouve comme en Mésopotamie beaucoup de terrains différents en peu d’espace (20 des 24 types de topographies principales).

    • coucou
      promis pour la carte, on essaie de faire ca , c´est une bonne idée.
      Le plus propice serait les bords du lac titicaca, ils y ont trouvé des traces trés anciennes de vie, le climat est bon, et les alluvions du lac rendent la terre riche.

      • Google maps au Perou c’est pas terrible. On essaye de tracer les routes, mais il se vautre en permanence … je cherche encore une solution

          • Je travail sur une solution de contournement. T es pas le seu la nous l´avoir demandé et en plus c ´est quelque chose qui nous trotte derrière la tête depuis un moment. reste a trouver le temps, la connexion internet (pour l´instant on est en plein désert 🙂 ) et ça sera parti !

  5. Que de belles photos, en effet le paysage change aussi que la météo.
    Les céramiques sont elles magnifiques et très décorées ou plutôt sobres et élégantes.

    Je vois que Lætitia est toujours accro au chocolat et très généreuse.

    Belle continuation
    je vous embrasse
    Je vous souhaite de belles rencontres
    C’est un bonheur de vous suivre

    • coucou
      Pour les ceramiques, il y a de tout, des choses tres fines et d autres plus rustiques, mais tout est fait main. Sans doute que cela depend de l utilisation de l objet. On est beaucoup plus impressionne par les tissus et les broderies que les femmes font a la main des qu elles ont un moment de libre.

    • Ón vient de se prende 5 jours de pluie dans la Cordillere Royale alors direction le desert demain.

  6. Je suis un peu inquiet du “système de douche électrique”. C’est quoi, et surtout : comment ça marche ? Vous avez essayé de vous électrocuter ? Car avec le disjoncteur à 50cm de la douche il y a moyen que ça soit rock’n’roll…

    • coucou
      en fait qui est un peu grand pour le Perou prend qq decharges mais Laeti rien du tout mais si c ést agreable de se laver avec de leau chaude.

  7. Coucou
    Déjà 52jours!!!!!!!!!!!!!!!!je pense que le temps passe passe trop vite.
    Le temps n’était pas au rendez-vous au début, apparemment.
    Je pense que Séb a dû apprécier dans la source d’eau chaude, en plus avec une vue magnifique
    C’est clair que ça doit être dur de voir autant de pauvreté, surtout quand tu vois les jeunes péruviennes dévorer ce que vous leur donner à manger. Surtout pour Seb de voir sont goûter partir!!!!!! Excellent !
    Et le chien, il vous a suivi jusqu’où alors? ça fait de la compagnie c’est sympa.
    L’accueil si froid par les péruviens, c’est pour quelles raisons?
    Sinon vos photos sont magnifiques !!! un gros bisous à vous deux