De Chimbote à Carraz


Départ de Chimbote

Ronda Campesina
Nous quittons l’hôtel San Felipe vers 10h30 après avoir ravitaillé le blog et les sacoches et prenons la direction de Santa et Chuquicaro. Arrivés à Puerte Campo, la route goudronnée se transforme en piste de terre. Alors que nous arrivons dans une impasse, nous demandons notre chemin. Les visages se tendent et on nous dit que le chemin que nous souhaitons emprunter est dangereux. Que nous risquons de nous faire agresser par des hommes armés. On nous dirige donc vers ce qui semble être un poste de garde à l’entrée d’une route où un groupe d’hommes surveillent les entrées et sorties. Ces hommes forment ce qui s’appelle la Ronda Campesina, une patrouille paysanne autonome qui s’est formée pour protéger des zones dangereuses de la campagne nous moyennant un péage. A la vue des pistolets et autres fusils à pompe nous ne sommes pas vraiment rassurés, même si l’accueil qu’on nous réserve est très amical. Ils repassent un long moment à nous expliquer les dangers qui nous guettent sur une portion de la route, puis ils se proposent de nous accompagner sur une dizaine de kilomètres pour notre sécurité. Nous serons donc escorter par deux motos jusqu’à une route plus sûre. Enfin, pas tout de suite car une des motos est crevée et il faudra 2 bonnes heures pour la réparer. Pendant ce temps nous discutons avec les gardes qui prennent fièrement la pause pour nous en exhibant leurs armes. Nous partons enfin sur la piste, devant nous une moto ouvre le chemin avec 2 hommes, un fusil à pompe et un pistolet, derrière nous une autre moto avec un homme et son fusil à pompe et tout autour de nous les chiens qui nous accompagnent. Un sacré convoi. Durant ce trajet de 12kms nous croisons plusieurs paysans qui semblent bien trop occupés pour se soucier de nous. Arrive la fameuse route plus sûre où nous faisons nos adieux à nos convoyeurs.

Le long du fleuve Santa

piments
Tout le long de la route, nous sommes accueillis par des saluts et des grands sourires, les policiers qui croisent nous souhaite un bon voyage au Pérou avec leur haut parleur … un étrange contraste avec le passage précédent. Les villages que nous croisons semblent abandonnés et en ruine et pourtant ils sont bel et bien habités. Nous croisons une procession en mémoire d’un prêtre abattu il y a 20 ans, et soudains l’audience se désintéresse du discours des grands pontes pour regarder les 2 gringos qui passent en vélo. Vers 17h nous passons un hameaux où nous sommes bien entendu accueillis par les chiens. Partout en campagne, les chiens semblent livrés à eux mêmes et que nous sommes pris en chasse. Une dame nous fait un grand sourire, comme il se fait tard et nous demandons si ils connaissent un endroit pour poser la tente. On nous dirige vers l’école où la maîtresse nous accueille. Nous dormirons sur la terrasse derrière.
derrière l'école
Le dialogue se noue et quand nous demandons ce qu’ils cultivent, nous avons le droit à un tour du propriétaire ainsi que des fruits qu’ils font pousser. Nous découvrons la Pacae, un fruit connu depuis l’époque inca, qui ressemble à un très gros et très épais haricot. A l’intérieur, les graines sont recouvertes d’une chaire blanche qui se mange. On nous cueille aussi une grosse papaye pour le petit déjeuner du lendemain. La nuit arrive, nous préparons le repas sous le regard intrigués des enfants. Mais le réchaud refuse de fonctionner avec l’alcool, dernier échec d’une journée assez étrange. Laeti s’endort en sachant pertinemment qu’elle n’aura pas droit à son café du matin.

Première rencontre avec la trocha

canyon del pato
dans le canyon toujours
Nous repartons tôt le matin en suivant le fleuve Santa, véritable source de vie dans cette zone qui serait sans doute déserte sinon. Nous le longerons jusqu’à l’arrivée à Carraz et plus encore lors d’un trek qui nous emmènera à sa source. Après 25 kms de pista, une route asphaltée facile, à Chuquicaro nous débutons sur la trocha, un chemin caillouteux où les voitures roulent à 30/40 kmh. boy Pour nous ce sera plutôt du 8 ou 9 kmh. Nous parcourons près de 50kms qui nous entament les jambes et le moral le tout sous un soleil de plomb et une température qui montera jusqu’à 42°C. C’est difficile, le vélo tremble en permanence et notre dos encaisse les secousses péniblement.
La zone est quasi désertique et la seule source d’eau est le fleuve qui coule parfois bien plus bas. De temps en temps le chemin s’élargit et nous croisons des villages dont nous nous demandons de quoi ils peuvent bien vivre. Vers 17h nous trouvons un endroit en contre bas pour poser notre tente. S’ensuit un gros nettoyage dans le torrent pour laver toute cette poussière qui nous couvre de la tête aux pieds. Ensuite un bon repas avec un réchaud qui accepte enfin de fonctionner et c’est avec grand plaisir que nous nous couchons vers 19h45.

2e jour de trocha : dans le Canyon del Pato

pato
Au sortir de la tente, je suis accueilli par le chien d’hier soit qui espère sans doute quelques bricoles à grignoter. Pendant que Laeti défait le campement, je fais le ravitaillement en eau. L’eau de la rivière est marron et boueuse et nous sommes bien content d’avoir notre pompe ! Nous préparons ensuite un solide petit déjeuner pour l’épreuve qui nous attend : une trentaine de kilomètres de trocha, en montée sous le cagnard. Plus nous avançons, plus la piste semble se détériorer. Nous cumulons cailloux et vaguelettes qui nous empêchent de lâcher les freins en descente. La température grimpe au rythme du chemin et nous atteignons les 42°C vers 1300m d’altitude. Vers 10h nous croisons 2 touristes en voiture dans un village en haut d’une côte. Après quelques mots maladroits en espagnol, nous comprenons que nous sommes tous français. C’est aussi là que nous croisons notre première péruvienne en costume typique. Nous atteignons Huallanca sur le coup de 12h. De plus en plus on nous surnomme Gringos, nous nous demandons si ce terme ne serait pas un peu péjoratif.

La route des tunnels

les tunnels
Au sortir de la ville, la route reprend sur du ripio dans une montée en lacets. Le thermomètre indique 44°C. Puis vient la route aux 35 tunnels creusée à flanc de ravin au dessus du fleuve tumultueux. Cette route sépare la Cordillera Negra de la Cordillera Blanca. Cette seconde chaîne de montagne tire son nom des nombreux glaciers qui ne doivent leur présence qu’à la Cordillera Negra qui retient les vents chauds venant du pacifique. Les deux blocs montagneux ne sont parfois séparés que d’une vingtaine de mètres et le canyon descend par moment à plus de 1000m de profondeur. Après 2h de route, nous retrouvons enfin la pista tant espérée. Tout autour, l’ambiance change complètement et nous passons des vallées qui sont cultivées jusqu’à plus de 4000m d’altitude. Nous rejoignons la ville de Carraz où nous dormons à l’hostal Chavin recommandé par le Lonely Planet. L’accueil chaleureux et les conseils de randonnée du patron tombent à pic, plus besoin de chercher toutes ces informations. Nous partons manger chez Jeny, sur la plaza de Armas où l’on nous sert des plats trop gras et bien trop copieux qui rappelleront à Sébastien le retour du Népal.

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9 responses to “De Chimbote à Carraz”

  1. Que je suis heureuse de pouvoir participer à votre aventure depuis ma chaise.
    C’est vraiment généreux votre façon de nous raconter votre voyage
    Je souhaite que vos estomacs tiennent bien la route comme vos vélos.
    C’est impressionnant les hommes armés.
    Faites attention à vous, à la chaleur et à bien décanter l’eau.
    Profitez bien
    Chloé

  2. bonjour à vous deux heureuse d avoir de vos nouvelles surtout ne mettez pas votre vie en danger ce serait dommage nous avons l intention de vous inviter à votre retour avec Sophie et Nico pour que vous nous racontiez tout votre périple donc faite bien attention et faites nous profiter de tous ces décors superbes
    nous vous embrassons tous les deux et à la prochaine

    • Bonjour,

      Un bon repas Normand après un an d’absence hors de nos contrées ? … c’est difficile à refuser 🙂 Côté danger, nous n’avons jamais vraiment senti de situations risquées pour le moment. Les péruviens ont tendance à vouloir nous aider quand ils s’aperçoivent que nous sommes à risque. Il n’y guère que sur les routes passantes que nous nous faisons quelques frayeurs avec leur mode de conduite

    • Merci. Il y a des fois où on n’arrive pas à avancer tellement c’est beaux dans tous les sens 🙂

  3. La vue du canyon est vraiment magnifique. J’ai eu plusieurs félicitations pour le site. Continuez vous êtes lus ;). Je diffuse allégrement l’adresse pour tout les férus de voyages.
    Je vous envie de plus en plus.
    J’ai une pensée pour vous car je me suis a nouveau bléssé(rien de grave), pourvu que ca ne vous arrive pas.
    Je vous souhaites de tout coeur la plus grande intégrité physique durant tout votre voyage, je vous envoie toute la chance que je peux !!!!

    • Aie! C’est pas de bol. De notre côté il y a quelques bobos mais rien de grave jusqu’à présent, en tout cas pas de casse. Là c’est au tour de Laeti de ramasser un peu. Elle a la gorge prise et le bide un peu retourné. Le tout avec un voyage en bus de nuit qui nous a fait arrivé à destination à 4h du mat … Du coup on a pris un hôtel pour qu’elle se repose.

  4. Salut les cyclistes!

    Je suis fan des deux guerilleros en armes. C’est vraiment “LA pause”.

    Et sinon le matos? Comment trouvez vous vos vélos sur les routes pleines de caillasses?

    Et qui a dompté l’autre: la Brooks ou le Delcoigne?

    (est-ce qu’on peut voir qq part les photos en plus grands?)

    • La ronda campesina, c’était un moment assez étrange. Une zone d’une tranquillité absolue, mais où on nous parler de dangers, de voleurs armés … le tout par des hommes avec des pistolets coincés dans le pantalon. Ambiance de film presque.

      Pour la selle, sans cycliste, c’est clairement elle qui gagne, avec le matos qui va bien la partie est plus équilibrée. Par contre elle souffre un peu des conditions : sables, poussières, soleil plus heures de vélos régulières. On verra comment tout ça évolue.

      Pour les photos en plus grand j’y travail. Pour l’instant j’ai cherché à optimiser la bande passante que j’avais sous la main. Je suis en train de tester quelques plugins pour améliorer un peu les photos … affaire à suivre 😉