Nadaam


Parmi les fêtes nationales mongoles, une en particulier attirait notre attention : le Nadaam. Le mot signifie “jeux” ou “jouer” en mongol. Le Nadaam ressemble un peu aux JO mongols et se décline sous 3 disciplines qui se déroulent pendant 2 jours: la lutte, le tir à l’arc et la course de chevaux qui sont souvent accompagnés d’un 4e jeux d’adresse. La course de chevaux est pour les jeunes enfants. Ils s’élancent à grands cris à travers la plaine sous les encouragements des parents qui les suivent en moto ou en 4×4, cravachant à qui mieux-mieux sur leurs chevaux hors d’haleine. À l’autre bout, une foule de spectateurs les attends et les encouragent eux aussi et bien sûr nous en faisons partie. Les premiers ont l’air bien sérieux et concentrés sur l’arrivée. Les suivants par contre semblent là pour le plaisir. De toute façon il n’y a pas plus de cérémonie que ça à l’arrivée. Le premier est récompensé rapidement et le dernier aussi. Puis sans plus de fanfare, tout le monde repart en ville pour assister à la cérémonie d’ouverture.

chevaux

Là par contre c’est le grand jeu. L’armée défile solennellement et marche les plus au pas possible. Puis on fait défiler les enfants qui font un petit spectacle dansant, des troupes de danses et de musiques et enfin les commandos militaires pour une petite démonstration de force. Une fois la cérémonie passée, les vrais vedettes font leur entrée, les bukh, les lutteurs mongols. Ils ont beau se trimbaler en slip, on a pas trop envie de se moquer. Ils sont un peu plus impressionnants que les militaires. Au contraire de la course de chevaux, la lutte est très cérémonieuse. Les lutteurs sont appelés en groupe, ils font la danse de l’aigle autour de leur maître de lutte puis autour du totem avant de s’affronter un contre un. Le vaincu retire son “gilet” et le vainqueur récupère son chapeau pour faire à nouveau sa danse de l’aigle et repartir dans les gradins pour le tour suivant. Le début du tournoi manque un peu d’intérêt. Comme il n’y a pas de catégorie, la plupart des combats opposent des hommes de corpulence très différentes et les plus légers font rarement mentir les pronostiques.

lutte

Les règles du combat sont simples. Les lutteurs ne doivent pas toucher le sol avec autre chose que la paume des mains ou les pieds. Dès qu’une autre partie du corps est à terre, c’est la défaite, ce qui rend les combats assez statiques au final. À l’instar du judo tout se joue dans le placement des mains, mais au contraire du judo, tenter une attaque infructueuse s’avère très risqué. Si les combattants ne sont pas assez rapides, les deux entraîneurs qui arbitrent le combat les placent alors dans des positions plus engagées pour expédier l’affaire. Le vainqueur obtient un titre honorifique selon le niveau de la compétition : Géant à OulaanBaatar, la capitale et des grades plus bas dans les autres villes. C’est la discipline préférée des mongols qui se pressent en masse pour admirer leurs champions.

ArcÀ côté du stade, dans un coin plus discret, ce sont les archers qui s’affrontent. Les hommes tirent à 50m et les femmes un peu moins loin. Ils ne visent pas une cible en hauteur, mais des quilles placées au sol. Le bout des flèches, gros et arrondi ne se plante pas dans le sol, ni dans les quilles et encore moins dans les juges postés juste à côté des quilles qui une fois le tir effectué, annoncent sa qualité par des gestes dansés. Les archers que nous voyons dans nos compétitions sont équipés d’arcs ultra-modernes que n’ont pas les mongols. Au lieu de viseur et de contre-poids, ils ont tracé un trait au crayon sur la main qui tient l’arc et un autre sur les flèches. Lorsque tout est aligné, les quilles, la main et la flèche, il ne suffit plus que de corriger à l’instinct en fonction du vent.

TirAprès ces trois disciplines classiques, nos amis nous encouragent à aller voir une quatrième. Un groupe d’hommes est assis en demi-cercle autour d’un petit autel en bois sur lequel sont posés des petits osselets. En face, quatre hommes en grande concentration tirent à tour de rôle cette cible à l’aide d’un carré d’os de mouton qui est poussé avec le doigt sur une règle de bois sculptée. Nous observons quelques temps ce jeux qui est pris très au sérieux. Lorsqu’un beau tir a lieu, le projectile est rendu au tireur en passant dans les mains des autres joueurs de l’équipe qui attendent leur tour de jeux. Lorsque le tir est raté, le carré d’os est redonné avec moins de cérémonie.

Même si tout cela peut paraître très cérémonieux pour nos yeux d’occidentaux, ça ressemble par moment à une grosse fête de village. il n’y a pas vraiment d’horaire, tout le monde se connaît, devant le stade un grand nombre de yourtes vendent des soupes de moutons ou des khushuur comme on vendrait des kebabs ou des frites, l’herbe dans le stade n’est pas coupée et un des militaires se voit même obligé de courir après son cheval peu docile pendant la cérémonie d’ouverture. Les spectateurs vont et viennent au gré de leurs envies et les sportifs quant à eux sont accessibles et se laissent prendre en photo.

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