Au Cambodge, le long du Mékong


Ballade dans Phnom Penh

Palais royalLa vie reprend très tôt au Cambodge. Nous entendons les premiers bruits vers 4h et à 6h tout le monde est déjà bien actif dans la rue. Nous sortons donc de notre torpeur nous aussi et passons prendre notre petit déjeuner au marché. Nous tentons de baragouiner les quelques mots appris consciencieusement hier soir, mais les mines déconcertées qui nous font face indiquent clairement que notre prononciation n’est pas correcte. Pas facile de se frotter à la langue Khmer. Nous prenons le pouls des tarifs locaux, 1$ par ci, 2$ par là … nous voilà rassurés.

S’en suit un passage à l’office du tourisme, c’est à dire un petit comptoir dans un coin d’un restaurant. Il n’y a presque rien et comme nous nous y attendions un peu, il n’y pas non plus d’endroit pour trouver de carte ou de guide. On nous conseille d’aller voir le marché central. Pour ajouter à l’attraction nous nous y rendons en tuk tuk, une espèce de carrosse tiré par une moto ou un scooter. Dans ce marché central de la ville, qui date de l’époque française, on trouve de tout. Nous y trouvons notre guide et des cartes qui valent ce qu’elles valent, c’est à dire 5 fois moins que chez nous. Bien entendu c’est de la contre façon et ça ne s’en cache même pas. Les vendeurs n’essayent pas de nous les faire au tarif des vrais non plus. Nous y trouvons le Lonely Planet dans des versions qui n’existent pas chez l’éditeur mais qui sont peut être plus pratiques, en tout cas pour nous. La copie est bien faite et seule la qualité du papier et de l’encre la trahit.

Nous passons ensuite au palais royal et sa célèbre pagode d’argent. Les bâtiments sont splendides. Ce sont les premiers exemplaires d’architecture cambodgienne que nous voyons et nous sommes impressionnés. Les toîts à pan multiples décorés en détail, les portes richement ornées, les nombreuses statues sont déjà un régal pour les yeux et à l’intérieur, les statues de Boudha et les plafons peints finissent de nous en mettre plein la vue. Quel contraste avec la simplicité de la ville en dehors de ces murs. Notre ballade culturelle par le musée tout proche. Celui-ci est rempli de statues de Boudha d’époque différentes. Notre connaissance du boudhisme et de l’histoire asiatique ne nous permet pas de comprendre grand chose mais nous apprécions toute fois de voir l’évolution de l’art dans la région. Les bâtiments du musée valent aussi le détour et le patios fleuris offre un espace de fraîcheur qui n’est pas désagréable.

carrefourLa ville de Phnom Penh n’est pas désagréable. Elle est beaucoup moins peuplée que l’idée que nous nous en faisions. A aucun moment nous ne ressentons d’insécurité. Personne ne nous regarde de travers et la plupart des gens arborent un grand sourire. Cette ville semble respirer tranquillement et paisiblement. Nous passons dans un immeuble qui abrite une galerie commerçante moderne. Sur le même principe que le vieux marché, ce sont ici par étage que sont regroupées les activités. A l’avant dernier étage une patinoire pour patin à roulette où les jeunes gens viennent faire quelques acrobaties sous la musique vitalisée type discothèque et au dernier étage un restaurant où nous nous installons pour profiter de la vue sur la ville qui s’assombrit peu à peu. Le principe de ce restaurant est de commander des ingrédients pour composer soi même une soupe selon l’humeur du jour. Nous en choisissons quelques uns à l’instinct pour un résultat plutôt satisfaisant puis repartons dans les rues maintenant noires de la ville pour rentrer peaufiner les préparatifs de notre départ de demain.

Dans la campagne cambodgienne

90km

En routeNous prenons aujourd’hui le long du Mékong en direction de la ville de Kompong Cham. La route chargée n’est pas très plaisante à suivre. A chaque passage de camion nous prenons une grande volée de poussière sans compter les passages à raz qui ne nous rassurent pas toujours. Du coup nous quitons rapidement la route pour aller fureter dans les petits chemins le long de la rivière. Nous rentrons alors dans le Cambodge des campagnes, le vrai. Les chemins sont poussiéreux, bien plus que la route et ils sont régulièrement défoncés, mais nous les apprécions bien plus. Loin du trafic dense que nous sentons encore au loin, nous naviguons à la fraîcheur de l’ombre des cocotiers. Les abords du Mékong semblent être qu’un immense village ininterrompu. Le passage d’une pagode ou d’une école suggère que nous avons sans doute changer de village. Tout le long, nous sommes accueillis par des milliers de “hello” de la part des petits et des grands sur notre passage. Pas facile de répondre à tous. Nous faisons de notre mieux pour ne frustrer personne.

Parfois, le passage d’un cours d’eau nous oblige à revenir provisoirement sur la route pour traverser. Nous constatons alors que les villages ne sont pas très larges, une ou deux maisons à peine. Ensuite ce sont des champs à perte de vue. Nous en prenons plein les yeux. L’asie est vraiment un dépaysement total. Il fait très chaud, mais à l’ombre des arbres nous sommes très bien. Palmiers, bananiers, cocotiers, manguiers et autres jaquiers, la végétation est luxuriante. Au milieu de tout ça les maisons sont sur pilotis. A la saison des pluies, le Mékong gonfle de manière impressionnante et la plupart des maisons doivent se retrouver les pieds dans l’eau. Sur le chemin, nous ne croisons des scooters, des motos et des vélos ainsi que les animaux qui se baladent librement. Vaches, porcs et buffles semblent habitués au trafic et c’est plutôt à nous de faire l’effort pour les éviter. Ce qui nous impressionne vraiment c’est partout les grands sourires des gens. Le Cambodge est un pays de gens souriants. Les boliviens ont quelques leçons à prendre de ce côté là.

Maisons flottantesDevant la plupart de seuils de porte, quelque chose à vendre. Souvent des fruits ou des légumes, ce peut être aussi des boissons fraîches ou des plats préparés ou finalement tout ce qui a une valeur marchande. Et sous les pilotis des maisons, des hamacs se balancent tranquillement. Alors que la nuit approche, nous demandons à des gens s’ils connaissent un endroit où dormir. Nous tombons sur un jeune garçon avec un bon niveau d’anglais qui nous emmène voir le temple et les moines. Sur place l’accueil est mitigé et devant le peu d’enthousiasme nous décidons de poursuivre la route. La nuit se fait de plus en plus insistante. Nous finissons par tomber sur un petit étal au devant d’une maison. Un grand hello souriant nous accueille. Nous demandons une nouvelle fois un lieux pour poser notre tente. Les explications ne sont pas toujours faciles. Nous tentons un peu de khmer francisé, un peu d’anglais et quelques signes devant une assemblée de Cambodgiens amusés et finissons par nous en sortir. Mais il semble hors de question que nous posions la tente. C’est dans la maison que nous sommes invités à dormir et aussi à manger sur place.

La langue des signes n’est pas universelle et nous voyons combien les habitudes de vie impacte la compréhension. Pour demander où manger, nous faisions nos gestes habituels mimant l’assiette et la fourchette. Mais ici, nous sommes en asie et personne ne nous avait compris. Quelques minutes plus tard, la femme de maison nous demande si nous voulons manger et c’est avec deux doigts qu’elle mime l’usage des baguettes bien sûr. Même en langage des signes il faut un minimum de traduction.

L'aide cuistoAvant le repas nous passons à la salle de bain pour nous décrasser un peu. C’est une pièce avec un bassin d’eau et un toilette et la douche consiste à s’envoyer des sceaux d’eau sur le visage. L’eau fraîche fait un bien fou. Puis nous passons à table. La cuisine est délicieuse et la grand mère de la famille nous ressert jusqu’à ce que nous n’en puissions plus. Après quoi elle nous apporte des mangues succulentes. Nous passons ensuite dans la maison. Le sol est fait d’un parquet de lattes de bambou, au mur des photos de toute la famille dont on nous fait les présentations. Une télé passe des séries asiatiques mal doublées en khmer et au plafond un grand ventilateur envoie ses brassées d’air bienfaiteur, le tout alimenté par une batterie de voiture et tout un tas de fils qui partent dans tous les sens. Deux tissus pendent du plafond pour délimiter l’espace des chambres.

On nous prépare un endroit pour dormir. En guise de matelas, c’est une espèce de couverture posée au sol agrémenté de deux oreillers et d’une moustiquaire pour nous mettre à l’abri des insectes. La maisons est certes fermées à clef pour la nuit, mais les insectes n’ont aucun mal à se glisser. Pour bonne mesure, nous rajoutons tout de même nos matelas gonflables qui aiguise la curiosité de tout le monde. Alors que tout le monde n’a d’yeux que pour la série qui passe sur la télé, nous tombons de fatigue et nous glissons discrètement dans nos draps. La nuit est ponctuée de tout un tas de bruits qui passent aisément l’épaisseur des lattes de bois qui composent le mur, dont les aboiements du chien.

Kompong Cham

75km

Le pont de bambouVers 4h du matin, les femmes de la maison se remettent en route pour la journée qui vient. Du coup nous sommes levés et prêts de bonne heure nous aussi. À peine le nez dehors on nous présente le petit déjeuner : une soupe de nouilles. Encore une fois, la cuisine est excellente et les proportions dépasse l’entendement. Au moment de partir nous leur demandons combien nous leur devons pour ces somptueux repas. Quelques regards intrigués, des sourires … nous étions en fait invités. Nous partons donc à la fraîche en direction de Kompong Cham, encore impressionné par tant de générosité. Il n’y a pas beaucoup de route à faire et nous arrivons vers 11h. Nous trouvons une guest house et partons visiter avec les vélos légers.

L’attraction du coin est un pont en bambou construit tous les ans après la saison des pluie. La construction est intéressante, faite uniquement en bambou de toute forme et de toute taille, soigneusement imbriqués les uns dans les autres pour donner une structure suffisamment robuste pour absorber le poids d’autos. Nous nous amusons à l’emprunter et à entendre le bruit des lattes de bambou sous nos roues. Cette traversée nous amène sur l’île de Koh Paen au milieu du Mékong. La ballade sous les arbres est agréable sous cette chaleur. Sous les appels d’une jeune femme nous nous laissons tenter et goûtons notre 1er jus de canne. Les cambodgiens en raffolent, mais nous n’avions pas été trop attirés par sa couleur jaunâtre jusqu’à présent. Mais le sourire charmeur de cette cambodgienne qui en préparait sur le bord du chemin a réussi à nous convaincre. C’est frais et sucré, un tel délice que nous en recommandons un autre.

Alors que nous faisons un petit détour pour visiter la pagode du village, un homme sort la tête d’un bâtiment au loin. Attiré par notre passage, un instituteur nous invite dans sa classe. Il est justement en train de donner un cours d’anglais et nous demande de participer à la leçon. Nous faisons alors réciter les mots du jour. Sébastien dicte alors les mots et les enfants répètent après lui tous en cœur. Puis nous proposons un pendu pour leur faire réciter l’alphabet. Nous commençons avec des mots déjà appris. En routeLes enfants très malins comprennent vite et feuillettent à toute vitesse leur cahier pour trouver un mot pouvant correspondre. Pour pimenter un peu le jeu, Sébastien propose d’en choisir un au hasard. Les mines se concentrent. Le jeune moine qui assiste aussi au cours fronce les sourcils en grande concentration. Tout le monde essaie des lettres, mais personne ne trouve. Quel mot tordu a-t-il bien pu dégoter de son chapeau ? Alors qu’ils ont presque perdu, soudain un éclair de génie dans les yeux malicieux d’un petit garçon. C A M B O D I A, bravo c’est trouvé ! Et voilà que l’heure de cours se termine déjà.

Nous finissons de nous promener sur l’île et repartons sur les berges du Mékong pour visiter les montagnes de l’homme et de la femme qui offrent un petit point de vue surélevé dans ce Cambodge décidément si plat. Sur place nous trouvons un peu plus que ce que nous cherchions. Quelques singes hantent les lieux et se promènent nonchalamment au milieu des temples. Les temples en question n’ont pas grand chose de particulier, mais la vue depuis les hauteurs est bien sympathique. A travers la petite brume de chaleur et d’humidité nous contemplons cette plaine qui s’étend à perte de vue de chaque côté de la rivière. Sur le retour en ville, nous passons rendre visite au temple de Wat Nokor alors que la nuit est déjà en train de tomber. À l’intérieur de ce vieux temple aux murs épais nous tombons sur un moine policier qui a bien envie de discuter. Son bon niveau d’anglais nous permet de discuter un peu. Il est policier dans la vie et la grande ferveur religieuse de ses parents l’a convaincu de faire un “service minimum” de moine pour pouvoir ensuite devenir un homme et pouvoir se marier. Pendant ce temps là, Laetitia se fait aborder par un jeune cambodgien qui aimerait discuter avec elle pour parfaire son niveau d’anglais et qui lui explique lui aussi les préceptes de la religion bouddhiste.

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4 responses to “Au Cambodge, le long du Mékong”

  1. Belles ballades à vous deux les amoureux.
    Que de joie de vous lire et de partager vos découvertes avec nous.
    Un jus de canne j’en rêve. Bravo pour le prof, c’est drôle de vous voir à l’œuvre.
    Merci pour les photos et les vidéos c’est toujours agréable
    Je vous embrasse
    Chloé

  2. Vous aviez trouvé des accueils chaleureux en Amérique Latine mais là je crois bien que ça dépasse tout ce que vous aviez pu imaginer : quelle leçon d’hospitalité pour nous autres occidentaux. Nous avons tout et nous ne donnons presque rien!
    Ce qui m’étonne , c’est que les choses se passent encore comme ça de nos jours, parce que des touristes et des visiteurs ils ont quand même dû en voir un paquet , même dans les coins reculés

  3. Avez vous visité le temple d’Ankor vat?Le filleul de mamie y a consacré plusieurs années de travail dans le cadre de la rénovation de ce monument. Il en a ramené des souvenirs fantatiques . On en a encore quelques photos.On vous embrasse bien. C’est très sympa d’avoir des nouvelles et des images, comme ça on n’a pas l’impression que vous êtes si loin