Treks dans les parcs patagons – côté Chili


Une lutte perdue d’avance

75km, +400m, -300m

CondorLe vent se met à souffler très tôt et de face ce matin. Sur la piste en ripio, le tandem est bien plus rapide que nous et nous le perdons assez vite de vue. Nous les rattrapons alors qu’ils se sont arrêtés pour observer une escadrille de condors en rase motte près d’une carcasse de mouton. Nous qui n’avions pas vu le moindre condor au Pérou et en Bolivie, cette fois nous en prenons plein les yeux. Au redémarrage, Erin et Allen repartent très vite au delà de l’horizon. Nous bataillons sur cette piste parfois très mauvaise au milieu de la pampa aride, mais régulièrement la nature nous offre un petit spectacle pour récompenser nos efforts, même si cela est parfois un peu macabre. Comme ce petit agneau qui bêle auprès de sa mère qui gît inanimée pendant qu’une foule de rapaces se bataillent les viscères.Sur ces dizaines de kms de pampas, nous aurons croisé beaucoup de moutons et que 2 fermes. Au bout de cette piste, nous retrouvons nos amis qui ont prolongé leur pause biscuit en nous attendant. Nous repartons donc sur une route asphaltée cette fois en profitant de la carrure imposante d’Allen pour nous abriter du vent qui n’a décidément pas envie de se calmer. Nous cheminons en file indienne jusqu’à 20h30 quand nous passons un pont qui nous semble intéressant pour y poser le campement du soir.

Ces deux américains sont bien loin des clichés habituels et nous épatent à faire cuire leurs lentilles, saucisses et brocoli forts appétissants. Ils nous disent leur grand étonnement de voir tous ces français et leurs sachets de lyophilisés ou de crackers et sont un peu rassurés de nous voir faire du pain et une belle salade de
fruits.

Bivouac sous le pont

Vers le parc de Torres Del Paine

25km, +/-100m

Jeunes pousses à l'abri du ventAu réveil, le vent semble avoir enfin lâché du lest. Nous laissons derrière nous Erin et Allen qui essuient à nouveau une panne de vélo. La fin de leur aventure transaméricaine est de plus en plus corsée et leur matériel montre de nombreux signe de fatigue. Les 10 premiers kilomètres de descente sont vite avalés. Mais aussitôt que nous bifurquons vers le poste frontière argentin, le vent se réveil à nouveau. L’arrivée au Chili se gagne à la force des mollets et nous arrivons rincés à Cerro Castillo après 7 kilomètres de lutte qui nous prennent un peu plus d’une heure. Comme la tempête s’empire, nous décidons de prendre le bus pour finir les 60 kilomètres qui nous séparent du parc. La nature est plus verdoyante qu’en Argentine. En quelques kilomètres nous retrouvons pâture d’herbe grasse et forêt dense au pied des montagnes.

Après avoir laissé la garde de nos vélos au guardaparques à l’entrée du parc nous filons sur le début du chemin pour rallier la première zone de campement où nous arrivons par une pluie battante. Nous y rencontrons 2 anglais et un français. Ce dernier, fidèle à l’image décrite par nos compagnons de route d’hier, mange son sachet de nourriture lyophilisée.

La Laguna Grey et la valle Francès

Premiers pas dans le parcLe vent à soufflé toute la nuit et n’est toujours pas d’humeur à se coucher. A l’abri dans notre tente nous avons tout de même plutôt bien dormi et nous attaquons cette première journée de marche d’un pas décidé. Nous longeons de beaux lacs sur des sentiers fleuris pour arriver au bout du Lago Grey d’où part la première branche du “W”, le circuit de trek le plus connu du parc. On nous avait conseillé de faire le trek dans ce sens là car il offre plus de vue sur les montagnes. Le chemin démarre dans une vallée encaissée qui nous protège du vent jusqu’au mirador du glacier. Le point de vue est superbe. Nous restons toujours impressionnés devant les glaciers du Chili. Celui-ci ne démérite pas. Il finit sur un groupe d’îlots qui le séparent en 3 ou 4 branches crevassées. Le vent qui souffle sur ce mirador nous empêche de tenir debout. Nous nous allongeons sur le rocher pour pouvoir admirer la glace azure encore un peu.

Pour poursuivre le trek, nous rebroussons chemin et nous lançons sur la branche du milieu, la Valle Francès. A pied de cette vallée, le premier camping est surpeuplé. Nous poursuivons donc à l’assaut de la belle montée vers le campement Britanicos, plus difficile d’accès et donc un peu moins fréquenté. La montée se fait sur une moraine raide qui nous offre de belles vues sur les glaciers accrochés aux parois abruptes des sommets alentours. En cette fin de journée, le soleil réchauffe la glace qui laisse partir de grosses avalanches de glaces qui résonnent contre les parois. Il se fait 21h lorsque nous arrivons bien fatigués à la zone de campement. Ici, il y a 4 tentes et nous ne sommes pas dérangés par les voisins qui sont déjà dans leur sac de couchage.

Glaciar Grey

En marche vers la 3e branche du W

En haut de la Valle FrancèsComme nous l’avait annoncé les prévisions météo, pas un souffle de vent ce matin. Nous en profitons alors pour aller observer les montagnes d’un peu plus près. Après être vite arrivés au mirador du cirque . Tout autour du cirque, de grandes tours de roche dites les Torres s’élancent, verticales vers le ciel. Nous poursuivons l’ascension en direction d’un col qui semble atteignable. La fin de la montée se fait dans la neige et nous arrivons bientôt vers 1600m d’altitude pour profiter d’une vue splendide sur les Torres, ces pics abruptes qui font la renommée du parc. Pas une plante ne peut pousser sur leur flanc et les glaciers eux mêmes ont bien du mal à s’y ancrer. Autour de nous au loin, des chutes de roches ou de glace viennent parfois briser le silence. Nous restons un bon moment à contempler ce spectacle avant de redescendre dans les grandes coulées de neige qui nous portent un peu moins bien qu’à l’aller.

Sur la redescente vers le lac, 1400m plus bas, nous nous arrêtons un instant pour admirer à nouveau les avalanches de glaces qui partent du glacier Francès. En l’absence du vent habituel, le thermomètre à grimper de plusieurs degrés et nous arrivons vite à court de vêtements à retirer. En même temps, quelle chance de pouvoir se promener à Torres Del Paine par cette météo sublime.

Le chemin se poursuit ensuite au bord du lac et il nous est impossible de passer devant sans aller y tremper les pieds un moment. L’atmosphère paisible qui règne aujourd’hui nous pousse à nous arrêter souvent pour en profiter. Nous finissons tout de même par rejoindre une zone de campement. Il est alors 18h30 et la prochaine est annoncée à 4h de marche. Le choix est vite vu. Nous posons donc les rapidement les affaires et allons profiter d’une bonne douche chaude avant d’aller siroter un petit verre de vin rouge en regardant le soleil s’approcher doucement de l’horizon.

Détente au bord du lac

Las Torres

Laeti et les TorresDès le réveil, la vue sur le lac ensoleillé nous remplit d’énergie. Nous partons d’un pas léger en manches courtes sur les sentiers toujours aussi fleuris. Malheureusement assez rapidement le paysage s’assèche. Nous arrivons dans une zone où une ancienne estancia fait encore pâturer des animaux et le terrain en est du coup bien appauvri. Après avoir posé les affaires au camping, nous repartons le dos léger vers la 3è branche du W qui mène après une bonne grimpette au mirador des fameuses Torres.

Sur le chemin, le ciel se voile et les premières gouttes d’eau arrivent assez vite. Si bien qu’à notre arrivée au point de vue, il n’y a pas de vue. Tout est bouché et les Torres ne se devinent même pas. Nous patientons tout de même en espérant que le vent finissent par dégager la vue. Chacune leur tour, c’est massive tour de granit se dévoilent peu à peu, mais jamais toutes en même temps. Les nuages qui défilent pourtant à une allure impressionnante restent comme accrochés par les sommets. Après une heure et demi d’attente, nous sommes enfin furtivement récompensés et pouvons redescendre satisfaits vers le camping où la météo est bien plus douce.

A travers le parc en vélo

65km, +1350m, -1200m

Guanaco replions rapidement la tente et prenons le chemin de l’entrée du parc pour retrouver nos vélos. La météo n’est pas terrible ce matin. Les montagnes sont complètement dans les nuages et nous recevons même quelques gouttes en chemin. La route qui traverse le parc est particulièrement vallonnée et le vent de face ne nous aide pas à franchir les petits raidillons secs qui jalonnent le parcours. Nous sommes observés comme des bêtes curieuses par des centaines de guanacos qui hésitent entre la fuite et la curiosité. Nous nous arrêtons régulièrement pour observer les montagnes et les lacs qui se dégagent furtivement le temps de petites éclaircies. Au passage des lagunas Mellizas nous sommes arrosés par des bourrasques de vent qui emportent avec elles les embruns des vaguelettes qu’elles sculptent sur ces lacs si petits. Pas facile de s’habiller aujourd’hui. Sous le vent nous sommes frigorifiés et dans les quelques passages abrités, nous n’en pouvons plus dans nos vestes coupe-vent. Nous atteignons enfin la sortie du parc en soirée alors que le vent se calme enfin un peu. La route se poursuit sur un ripio heureusement peu fréquenté et nous finissons pas débusquer un petit coin tranquille au bord de l’immense lac XXX pour poser la tente. Nous finissons exténués par cette journée de vélo où nous n’avons fait pourtant que 60 km.

Lago Pehoe

Puerto Natalès

60km, +600, -750m

Puerto NatalèsLa route se poursuit comme nous l’avons quittée la veille jusqu’à l’intersection avec la route principale, asphaltée. Là nous y croisons un autre couple de cyclistes gaulois qui remonte vers l’Alaska. Les pauvres luttent depuis 3 semaines déjà face à un vent qui ne leur laisse que peu de répit et ils nous voient repartir à toute allure avec ce même vent qui nous poussent allègrement vers notre destination.

Puerto Natalès est un petit port tranquille posé entre les montagnes au loin et le Pacifique qui sert entre autre de point de départ aux visites des fjords chiliens. Il vit aussi beaucoup du tourisme généré par le parc Torres del Paine. Nous profitons de cette proximité avec l’océan pour nous faire un petit restaurant de poisson et prendre un peu de temps pour préparer la suite de nos aventures.

En route pour Punta Arenas

125km, +-800m

Arbre penchéComme à notre habitude, nous repartons un peu fatigué après un passage en ville où nous avons encore oublié de dormir. Nous avons 250 km devant nous et nous manquons un peu d’entrain pour les démarrer. Il faut dire que ce sont les derniers kilomètres de vélo que nous pédalons en Amérique latine et nous ressentons comme une pointe de nostalgie. La route passe à travers une pampa immense, plus verte que celle que nous avions trouvée en Argentine. Quelques arbres ont su résister aux incendies, mais seuls face aux vents violents de la région, ils ont poussé de travers, donnant une atmosphère étrange. Nous apercevons dans les prairies des hordes de moutons couverts d’une laine épaisse et quelques rhéas, cousines des autruches, qui rameutent leur rejetons en gonflant leur ailes à notre passage. Au passage de Moro Chico, nous nous chez les carabinieros pour refaire le plein d’eau. A la vue de l’heure avancée, ils nous proposent une chambre pour dormir. Malgré leur insistance bienveillante, nous avons envie de poursuivre un peu et de poser notre dernier bivouac dans cette pampa sauvage.

En plus, ce soir nous avons prévu un festin de rois. Riz, lentilles, saucisses, carottes, oignons et salade de fruits en dessert ! Le tout devant un coucher de soleil qui embrase le ciel. Après ce repas copieux, nous passons une nuit longue et paisible dans notre hôtel aux milles étoiles.

Rhéa

L’arrivée au détroit de Magellan

115km, +700m, -850m

Nous savourons particulièrement cette dernière journée de vélo. La route rejoins rapidement l’intersection avec la route 9 au niveau du détroit de Magellan que nous longeons sur 50 kilomètres. Ce détroit permet de passer d’un océan à l’autre en évitant le Cap Horn à la réputation terrible. Au fur et à mesure que nous nous approchons de la ville le trafic routier s’intensifie et nous nous retrouvons bientôt au milieu d’une agglomération impressionnante et de bouchons dont nous avions presque oublié l’existence. Le contraste avec la pampa est brutal.

La ville contient encore quelques belles demeures de familles qui ont fait leur fortunes dans la laine au début du XXè siècle et qui côtoient des immeubles récents et des centres commerciaux immenses. Cette taille importante de la ville est sans doute liée à la zone franche que le gouvernement chilien à créé ici. En cette période de fin d’année alors que Noël approche à grands pas, nous sommes surpris par le peu d’effervescence qui règne en ville. Quelques décorations à peine et relativement peu de monde dans les boutiques. Les chiliens seraient-ils plus raisonnables que nous ? Même dans les grandes surfaces, les rayons de jouets restent modestes.

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One response to “Treks dans les parcs patagons – côté Chili”

  1. Que je suis heureuse de vous lire
    C’est un réel bonheur de vous suivre.
    Je vous souhaite un joyeux noël. C’est un véritable cadeau de voyager et de vivre au rythme de votre périple.
    Je vous embrasse